Cercle
C'était une pauvre gamine... Remplie de rêves ou inaccessibles ou bafoués, de souvenirs criant à la tromperie et au désespoir, de vide aussi... Cette pauvre gamine n'était plus qu'un trou béant, depuis que sa raison de vivre s'en était allé. Elle n'avait plus la force de rien, ni celle de vivre ou même d'exister, ni celle d'aller mal, assise sur sa chaise, en attendant que les heures passent.
La pauvre gamine avait tant de fois pratiqué ce rite devenu inutile. Rester là, dans son fauteuil, à attendre que passent les heures et que viennent les raisons d'aller mieux. Ce stratagème complètement usé ne fonctionnerait plus : on était en juillet. Et comme chaque été, pauvre gamine se laissait aller à ses hallucinations destructrices et à sa solitude. Elle hurlait silencieusement sa souffrance, des jours durant, des semaines durant, des mois durant. Elle était seule, totalement seule. Mais, cette pauvre gamine, en dépit de son malheur, était consciente du fait que le théâtre de son impie douleur se situait juste là, dans son crâne tant aimé et chérit (par elle-même et par les autres).
Elle savait que tout se jouait de façon psychique, qu'elle n'était pas abandonnée... Tout ces gens qui l'aimaient et pensaient à elle, ils étaient la, quelque part, mais ils ne pouvaient lui parler, la réconforter, l'aimer, l'aduler, se trainer à ses pieds. Malgré ces maigres consolations, la gamine se sentait toujours mal, toujours si mal.
Elle aurait pu se laisser torturer dans son théâtre tant déifié, mais, voila que se posait un problème : Gamine avait décider de ne plus souffrir.
Alors, contre toute attente, elle fit l'une des plus horribles choses qu'elle pouvait se faire. Elle se détesta, se détruisit, se fit pitié, se réduisit à une moins que rien et ce pendant tout un après-midi.
Elle voulait toucher le fond, pour se donner un élan, et pour remonter à la surface, qu'elle puisse enfin reprendre son souffle.
La pauvre gamine ne sait toujours pas si son plan a fonctionné. Elle a la tête lourde, encore remplie de ses hallucinations dû aux drogues absorbées la veille. Elle reste là, assise, attendant que les heures passent, et qu'elle atteigne enfin l'air.