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Mercredi 30 décembre 2009 à 17:00

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Surtout ne pas bouger

Surtout ne pas bouger, se taire et regarder. La bête était là, tapie dans la pénombre perpétuelle. Elle repérait le moindre mouvement, le moindre bruit.
La bête n’était pas d’origine animale, c’était un monstre fait de métal et d’acier. Elle datait de la dernière grande guerre, qui se passait mille ans plus tôt.

Les Hommes, dans leur folie auto-destructrice, avaient tout détruit, les villes en ruines, rayées des cartes (qui elles mêmes ne voulaient plus dire grande chose), les animaux morts, les carcasses éparpillées sur les routes, sur ce qui était – avant – des champs.

Il n’y avait plus que de la nourriture lyophilisée, sans goût, sans saveur. Le cannibalisme était monnaie courante.

Et la bête était là, elle me pourchassait depuis des jours, sans relâche. Je ne dormais plus, il fallait se cacher. Heureusement, le monstre n’était plus doté de capteurs thermiques, sans quoi il m’aurait eu depuis longtemps. Il me poursuivait non parce que j’étais l’ennemi du peuple qui l’avait construit, il le faisait car ses programmes étaient très certainement détraqués. Il tuait tout ce qui vivait et à présent c’était mon tour.

Nombreux étaient ceux qui avaient succombés à ses griffes et à ses mâchoires démesurées. Il n’y avait aucune échappatoire et il fallait que je m’en sorte.

Avant d’être pris en chasse, avant qu’elle ne vienne sur mes terres (ou du moins ce qu’il en reste), j’étais rôdeur. Car oui, il y avait moult autres prédateurs de ferraille qui traînaient à la recherche d’une victime et j’étais de ceux qui protégeaient le clan.

Avant mon exil forcée, je faisais partie du clan des xamoxs, on était peu nombreux mais étions très respectés par les autres tribus. Il y avait maintes légendes qui contaient les exploits de nos ancêtres triomphant des monstres mécaniques. Non pas par la force mais par la ruse.

Oui, nous étions rusés, mais comment sortir de ce pétrin mortel dans lequel j’étais ?

La bête ne dormait jamais, ne relâchait jamais sa terrible attention.

J’étais caché dans les décombres d’une ancienne maison isolée dans ce qui était autrefois une joyeuse vallée bordée de collines.

J’étais mal, affaibli, je pensais à renoncer, à me jeter dans l’immense gueule de fer lorsque je vis une ombre se déplacer derrière un pant de mur. Un enfant sortit discrètement. Il tenait à la main un objet que je ne parvins pas à identifier. Il actionna la machine et un hologramme en sortit, juste devant la bête. C’était une femme coiffée, maquillée et habillée magnifiquement. Elle bougea les lèvres, en sortirent un chant d’une extrême beauté. Sa voix était d’une clarté toute cristalline.

Le monstre se jeta dessus. J’étais tant subjugué par son impensable beauté que j’en oubliais sa virtualité, je couru jusqu’à elle pour la sauver de la bête.

Au lieu de toucher son corps fin, mes mains ne rencontrèrent que le vide.

Je réalisais soudain mon erreur et tentais de m’enfuir. La machine tueuse me happa le bras droit. Je sentis ma peau se déchirer, mes tendons céder, mes os craquer. La souffrance était intolérable, mais la peur était si grande qu’un bras en moins était un moindre mal.

Une scène odieuse se dessina alors devant mes yeux. La femme, l’ange infernal continuait de chanter, de sa superbe voix, imperturbable, délicate, se tenant étonnement droite, d’une raideur élégante et intimidante, le monstre hurlait triomphalement, ses mâchoires croquant avidement ce qui était auparavant mon bras. En arrière plan, l’enfant qui avait voulu me sauver prenait ses jambes à son cou, se carapatant je ne sais où.

Pris d’une indicible terreur, je me mis à pleurer. Le temps semblait s’allonger d’une terrifiante façon, la scène d’horreur semblait durer éternellement.

Je me mis à courir désespérément, je repérais un plan d’eau dans lequel je me jetais éperdument.

La bête s’acharna quelques temps sur l’hologramme chantant puis porta son attention sur une petite ombre qui se mouvait derrière elle. L’enfant ! Il tentait de m’aider à nouveau, cette fois avec un minuscule pistolet laser qui semblait dérisoire face à l’énorme chose qu’il devait affronter.

Avec une rapidité stupéfiante, la machine se jeta sur l’enfant. Le pistolet tomba des petites mains tremblantes du garçonnet, il se fit littéralement dévorer, chairs et os.

La bête enfin repus s’éloigna de l’endroit du carnage, partant à la recherche d’une nouvelle proie. Elle m’avait oublié.

Ce jour-là, un enfant mourut, un bras droit fut perdu et un homme lâche fut sauvé.



Vendredi 29 mai 2009 à 13:55

Une salle de bains pour les géants



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Je me réveillais dans une pièce démesurément vaste, carrelée d'un blanc immaculé, de hauts miroirs le long des murs, d’immenses douches et baignoires trônant en un apparent désordre. Levant les yeux, j’entr’aperçus de lointaines ampoules qui pendaient, nues, au plafond et dispensaient une faible lumière.

 Un frisson me parcourut, je paniquais, frôlais la crise d'angoisse. Finalement, voyant qu'aucun danger ne me guettait, je me mis à déambuler, me regardant dans les miroirs. Je ne voyais pas le temps passer, mon reflet miroitant à l'infini sur les innombrables glaces. Puis un son - le premier qui ne fut pas de moi, se fit entendre. Mon poil se hérissa. C'était un simple grattement, comme celui des rongeurs se faufilant à l'intérieur des cloisons. Le bruit s'intensifia devenant sourd, puis à la limite des ultra-sons ; le sol se mit à trembler. Enfin, le quasi-râle s'estompa petit à petit, je compris que ce n'était qu'une rame de métro.

Conclusion, j'étais certainement sous terre. L'attente refit son apparition, me plongeant dans une profonde apathie. Je dus m'assoupir quelque temps car lorsque je revins à moi, la faible clarté qui me permettait de distinguer ma silhouette s'en était allée. Je soupirais, grommelais en me demandant quel taré avait bien pu m'enfermer dans un endroit aussi peu accueillant. Il n'y avait même pas de quoi s'allonger confortablement ! Une voix déferla brusquement dans mon cerveau, une voix féminine et effrontément sensuelle.

- Bonjour, Cage, la forme aujourd'hui ?

- Ta gueule, grognasse ! Dis-moi plutôt c'que j'fous-là.

- Oh ça... J'te laisse en discuter avec le boss, il ne devrait pas tarder.

J'allais lui balancer quelques insultes bien senties mais le contact télépathique fut coupé.

- Salope !

Et effectivement, le boss se manifesta un millième de seconde plus tard.



Une suite ?

Mardi 26 mai 2009 à 11:53

Une lampe et trois miroirs

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Marchant sous des projecteurs imaginaires,
Entourée de milliers d'affiches géantes la représentant.
Elle sourit, fascinée par son visage.
Se lançant un clin d'œil quand tout le monde la regarde.

Immense foule factice se traînant à ses pieds,
Elle s'envoie des lettres d'admirateurs secrets,
Qui lui reviennent et qu'elle ouvre les yeux brillants.
Elle avance lentement, scrutant son corps olympien.

Chez elle, tout n'est que miroir,
Lui renvoyant son sublime reflet.
Partout trônent des photos de sa personne,
Encadrées par l'or et l'argent.

Vivant dans sa réalité corrompue,
Elle passe ses jours à se languir d'elle-même,
Ne cessant de s'aimer toujours plus,

Ne cessant de rêver d'être adulée...

Lundi 25 mai 2009 à 10:33

Cercle


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C'était une pauvre gamine... Remplie de rêves ou inaccessibles ou bafoués, de souvenirs criant à la tromperie et au désespoir, de vide aussi... Cette pauvre gamine n'était plus qu'un trou béant, depuis que sa raison de vivre s'en était allé. Elle n'avait plus la force de rien, ni celle de vivre ou même d'exister, ni celle d'aller mal, assise sur sa chaise, en attendant que les heures passent.
La pauvre gamine avait tant de fois pratiqué ce rite devenu inutile. Rester là, dans son fauteuil, à attendre que passent les heures et que viennent les raisons d'aller mieux. Ce stratagème complètement usé ne fonctionnerait plus : on était en juillet. Et comme chaque été, pauvre gamine se laissait aller à ses hallucinations destructrices et à sa solitude. Elle hurlait silencieusement sa souffrance, des jours durant, des semaines durant, des mois durant. Elle était seule, totalement seule. Mais, cette pauvre gamine, en dépit de son malheur, était consciente du fait que le théâtre de son impie douleur se situait juste là, dans son crâne tant aimé et chérit (par elle-même et par les autres).
Elle savait que tout se jouait de façon psychique, qu'elle n'était pas abandonnée... Tout ces gens qui l'aimaient et pensaient à elle, ils étaient la, quelque part, mais ils ne pouvaient lui parler, la réconforter, l'aimer, l'aduler, se trainer à ses pieds. Malgré ces maigres consolations, la gamine se sentait toujours mal, toujours si mal.
Elle aurait pu se laisser torturer dans son théâtre tant déifié, mais, voila que se posait un problème : Gamine avait décider de ne plus souffrir.
Alors, contre toute attente, elle fit l'une des plus horribles choses qu'elle pouvait se faire. Elle se détesta, se détruisit, se fit pitié, se réduisit à une moins que rien et ce pendant tout un après-midi.
Elle voulait toucher le fond, pour se donner un élan, et pour remonter à la surface, qu'elle puisse enfin reprendre son souffle.
La pauvre gamine ne sait toujours pas si son plan a fonctionné. Elle a la tête lourde, encore remplie de ses hallucinations dû aux drogues absorbées la veille. Elle reste là, assise, attendant que les heures passent, et qu'elle atteigne enfin l'air.

Dimanche 24 mai 2009 à 19:57

Un vieil homme et la poussière

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Il était l'histoire d'un homme qui chaque jour attendait le bus. Ce dernier devait le conduire à je ne sais quelle ville, perdue dans je ne sais quel pays. L'homme était vieux, il sortait chaque matin de sa maison mi de ruines mi de souvenirs et avançait de son pas chancelant vers l'ancien arrêt qui, miraculeusement, n'avait pas été détruit.
L'atmosphère, saturée d'une poussière radioactive, était lourde et semblait en discorde avec le soleil. Le disque de vie s'en était allé éclairer ceux qui le méritaient.
Il attendait donc, des heures durant, passant par plusieurs phases de comportements. Il était tout d'abord inquiet, c'est qu'il ne pouvait se permettre d'être en retard au travail. Son patron le lui avait déjà dit, il en serait sanctionné. Puis, il commençait à s'énerver, pestant contre la compagnie de bus qui n'assumait pas ses engagements vis-à-vis de ses dépendants. Enfin, il s'inquiétait de nouveau, remarquant alors que personne ne l'accompagnait dans sa vaine attente. Il était seul, et il rentrait chez lui, malheureux que le bus l'ai une fois de plus abandonné.
Et même lors de son long trajet de l'arrêt à son domicile, le vieil homme ne paraissait pas s'apercevoir que son passé tout entier l'entourait, qu'il était le seul, le dernier. Il marchait, s'appuyant sur sa canne, au milieu des immeubles disloqués, jaunis par les années et la poussière meurtrière. Il marchait sur les pavés fendus, n'y prétant pas attention, trop attristé par sa situation, se demandant ce qu'il pourrait bien dire à son patron, une fois qu'il le verrait.
Ce qu'il ne savait pas, c'est que cet homme qui lui voulait tant de mal était mort, une bonne décennie auparavant. Il était mort comme tous ses semblables et seul ce vieil homme semblait avoir survécu au Cataclysme.
Une fois rentré dans sa demeure faite de fantasmes psychotiques, il retrouvait son fantôme de femme qui geignait, l'accusant de tous les torts, surtout celui de rater le bus. Alors, le vieil homme retenait ses larmes, malheureux de ne pouvoir contenter son épouse tant aimée.
Il faisait la cuisine, préparant de délicieux plats de viandes et de légumes. Et il était fier car, après tout, qui les avait fait pousser, ces carottes ? ces poireaux ? Lui ! Lui et lui seul ! Il préparait donc le délicieux repas, la voix de sa femme le félicitant pour la bonne odeur s'élevant des casseroles. Mais, le vieillard ne se rendait pas compte que les légumes étaient en fait les débris de pierres trouvées dans son potager et que l'odeur était celle de l'assassine poussière. Une fois la nourriture dans l'assiette, l'homme appelait son épouse et ses enfants, et tous mangeaient joyeusement. L'écho des rires enfantins résonnaient entre les quatre murs défraîchis, semblant presque réels et pourtant, une nuance éteinte et douloureuse les accompagnait.
Outre les visions du dernier homme, il se nourrissait seul de cailloux qu'il mâchait tant bien que mal, se faisant la réflexion que les pommes de terre n'étaient pas cuites. Et le rire de ses enfants, exprimant leur hilarité après un trait d'esprit de leur père, n'étaient en fait que le souffle du vent qui créait un courant-d'air dans la maison du fou.

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