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Mardi 9 mars 2010 à 21:36

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- 3000 ! Qui dit mieux ? 3000, attention, vous n’en retrouverez plus des comme ça, m’sieurs-dames ! Une beauté pareille… hurla-t-il en la prenant par le bras.
La foule se pressait près de l’estrade aux esclaves. Les cris fusaient, les prix montaient et la jeune mutante regardait ses futurs maîtres avec angoisse. On se la disputait fermement.
- J’ai un 5000, messieurs faites un effort, regardez ce si joli minois !
Le ciel au dessus de la ville-bulle était gris, presque noir. D’énormes spots aériens circulaient au dessus du marché, éclairant brutalement les acheteurs, leur faisant des ombres démesurément grandes et minces. Les hauts immeubles noirs de crasse cachaient encore mieux la lumière du jour que ne le faisait l’épais amas de nuages toxiques qui stagnaient juste au dessus du dôme protecteur. Des vendeurs à la sauvette proposaient des implants de toutes sortes aux malheureux qui se perdaient dans les ruelles étroites et sordides. D’autres encore vendaient de la nourriture synthétique et sans goût hors de prix, des chiens cybernétiques et autres babioles toutes plus étranges les unes que les autres.
- Nous terminons cette vente sur un 10000 ! Monsieur, voici votre mutante, amusez-vous bien, dit le vendeur en faisant un clin d’œil à l’heureux élu.
La mutante était fine et élancée, la peau vert clair, les cheveux d’un roux flamboyant.
- Ton prénom, demanda l’homme qui l’avait achetée.
- Adélaïde.
- Bien, je m’appelle Tim, pour toi ce sera monsieur.
Il la prit par la main et se dirigea à travers le marché bondé.
- Bon, j’ai deux trois choses à trouver dans le coin, tu vas m’accompagner. Il me faut de la nourriture lyophilisée et trois gourdes. Presse-toi, je n’ai pas de temps à perdre.
Ils s’avancèrent vers une échoppe en bois. Aux gouttières branlantes étaient accrochés une profusion de grigris en tout genre, poupées, repousse-cauchemars, amulettes. Quelques bijoux en toc étaient disposés sur l’étal, ainsi que toute la quincaillerie possible et inimaginable.
- Bienvenue chez Greff le quincaillier, puis-je vous être d’une quelconque utilité, monsieur ?
Tim lui tendit un papier noirci d’une fine écriture et ajouta :
- Et donne-moi des vêtements pour cette souillon, qu’elle soit présentable, dit-il en pointant Adélaïde du pouce.
Greff se déplaça avec lourdeur jusqu’au fond de son échoppe, son ventre se mouvant de gauche à droite au rythme de ses pas. Il fouilla les étagères, agrippa un bocal, souffla la poussière et l’ouvrit. Grognant, il le reposa. Il continua ainsi encore quelques minutes puis revint finalement avec la nourriture, les gourdes et une robe jaune pâle.
- Enfile ça.
Adélaïde prit la robe et la mit par-dessus ses propres vêtements.
- Au moins ça cachera la misère pour un temps.
Tim paya le quincailler, reprit la main d’Adélaïde et l’entraîna près d’un droïde ressemblant fort à un cheval. Il s’installa dessus puis aida la jeune fille à s’asseoir en amazone.
- Accroche-toi, on est en retard.
Ady ne put s’empêcher…
- En retard pour quoi ?
Tim se retourna, la fixa un long moment, l’air féroce. Le temps sembla s’arrêter, il n’y avait plus que ses yeux, ils se mirent à grandir, grandir jusqu’à prendre toute la place dans le champ de vision d’Ady. Les sourcils froncés, le bleu clair et tranchant des pupilles. Si elle avait osé, elle se serait mise à crier.
Le jeune homme se mit finalement à sourire, ce qui fit échapper à la demoiselle un soupir de soulagement.
- Quelle petite fille insolente que j’ai là !
Il se retourna, et se mit en route.
Le trajet ne dura que très peu de temps. Une foule immense parcourait les rues crasseuses, les spots éclairaient toujours aussi violemment le monde pour compenser le manque de lumière naturelle.
Tim et Ady sortirent enfin du marché et se dirigèrent vers le palais qui surplombait la cité. Il était tout en tours et en arches, l’air élégant et meurtrier à la fois.
Les grandes portent s’ouvrirent à l’approche du cheval-c (appelé aussi cyber-animal). Les soldats se mirent au garde-à-vous au passage de Tim.
- Hmpff ! C’est là qu’on descend jeune fille !
Il la poussa brusquement de la monture, sauta à terre et tendit ses reines à un mutant-palefrenier.
- On a beaucoup de choses à se dire, toi et moi, Ady. Viens, c’est par-là.
La reprenant une fois de plus par la main, il la fit courir tout le long de couloirs et corridors innombrables. Tout était richement décoré, des tapisseries ornaient les murs, le tout brillamment éclairé par des projecteurs cachés dans le plafond. Enfin ils arrivèrent à une porte que Tim ouvrit.
- Mes appartements, dit-il. Un bain nous attend, vas-y la première.
Adélaïde se dirigea vers une autre porte au fond de la pièce et entra dans la salle de bains. La pièce était somptueuse, carrelée de blanc.
Plus tard, elle en sortit, fraichement lavée elle été rayonnante. Tim le lui fit remarquer.
- Une très jolie enfant.
- Je vous remercie monsieur.
- Combien de doigts ? demanda-t-il, cachant sa main gauche dans son dos.
- Trois.
- A quoi je pense ?
- Au soleil.
- As-tu eu ton compte de lumière à propos ?
C’est que les mutants n’avaient pas la peau verte sans raison. Ils avaient évolués on ne sait trop comment vers une alliance entre l’animal et le végétal, se nourrissant de la lumière grâce à la photosynthèse. Ils avaient aussi quelques pouvoirs psi que l’on ne s’expliquait toujours pas.
- Oui, monsieur, je suis en pleine forme.


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